"Puis tout à coup un étrange silence envahit la forêt toute entière : les oiseaux se turent, le vent cessa de souffler et les animaux se mirent à l’abri. Un instant après, une fumée épaisse s’échappa de la cheminée et le prince vit Baba Yaga s’envoler sur son balai, un corbeau noir posé sur son épaule. Le corbeau était en tout point identique à celui qu’il avait rencontré plus tôt…"

Bravo à Quentin , mon jeune dessinateur de 11 ans, pour ce chouette dessin !
Je trouve à ce dessin une vraie inspiration slave, fidèle au conte, et cela me touche beaucoup.
Merci à toi, Quentin, pour ce joli cadeau et à très vite pour un autre dessin, si le coeur t'en dit !

"[...Le jeune couple vivait un bonheur sans nuage.

Jusqu'au jour où le prince Alexeï remarqua que sa bien-aimée se levait la nuit et disparaissait durant plusieurs heures. Toutes les nuits la même chose se produisait et le prince décida un soir de suivre sa femme pour en avoir le cœur net.

A minuit tapante, il la vit quitter le lit et emprunter un petit escalier menant à la cave. Elle n’y resta que quelques instants et en ressortit avec un manteau de plumes sous le bras. Puis elle sortit dehors, au clair de lune…

Le prince Alexeï, intrigué, se cacha derrière un gros chêne et put voir sa femme contempler la lune, longtemps, les yeux remplis d'une tristesse étrange.

Soudain la princesse jeta le manteau sur ses épaules et se transforma en petite colombe blanche qui s’envola haut dans le ciel.

La nuit suivante la même chose se passa.

La troisième nuit, le prince Alexeï attendit que la maison fût endormie et peu avant minuit descendit à la cave. Il y trouva le manteau de plumes et décida de le brûler sur le champ. Sans plus tarder, le prince jeta le manteau dans les flammes qui le dévorèrent avec avidité...]"

     Cette fois Hermann ne ferma pas les yeux et assista à la transformation de son ami, dont la peau de singe disparut peu à peu, lui rendant l'apparence humaine. Quelques instants après on put reconnaître le prince, exactement tel qu’il était avant. Non, peut-être pas tout à fait car il y avait quelque chose de différent en lui, mais quoi … il était impossible de le dire.

Hermann jeta un coup d’œil sur ses bras, ses jambes, son torse mais non, rien ne s’était encore passé, c’était toujours son corps à lui. Pourtant il était sûr que sa propre métamorphose allait commencer d’un instant à l’autre…

Hermann se sentait étrangement serein. Il était prêt.

Il attendit mais, à son grand étonnement, constata qu'il ne s’était toujours pas transformé en singe.

Tout à coup, le tonnerre cessa de gronder, le ciel se revêtit d’un bleu d’azur et le soleil illumina le parc de ses rayons dorés.

Hermann et le prince étaient là à se regarder avec un sourire béat, sans dire un mot. Puis le prince rompit le silence :

« Tu disais quoi déjà ? »

« Rien. Désormais cela n’a plus aucune importance », répondit Hermann.

Alors le prince le serra fort dans ses bras et lui dit doucement : « Merci, mon frère. »

Je voulais que ce soit un ouvrage avec des contes à lire en famille. Une lecture magique et éducative à la fois, et qui permettrait à l'enfant de s'évader dans un monde du merveilleux et au parent de se sentir guidé dans sa réflexion sur des questions existentielles.
Le hasard a fait que j'écrive un premier conte pour l'enfant d'un ami, il y a quelques années. Ce jeune garçon de 8 ans n'allait pas bien : il se sentait dévalorisé et manquait de confiance en lui. J'ai voulu écrire quelque chose pour l'aider à dépasser ce moment difficile, … pour qu'il comprenne qu'il a toutes les ressources en lui pour vaincre ses tourments. Lorsque je lui ai lu ce conte, j'ai senti qu'il avait été intrigué par l'histoire. Quelques jours après cette lecture, il était revenu vers moi avec des questions ; j'ai alors su que le garçon continuait d'y réfléchir, que le conte le "travaillait". C'était un premier pas et un premier signe encourageant.
Après cela, je me suis mise à en écrire d'autres, pour mon propre enfant, pour mes proches et pour moi-même. L'idée avec ces contes était de semer des petits cailloux blancs sur le chemin de chacune de ces personnes pour l'éclairer un peu, à un moment difficile de sa vie ou à un instant de doutes. Je me suis plusieurs fois surprise d'ailleurs à repenser à tel ou tel conte lorsque j'étais désemparée ou en train de douter de moi. C'était comme si je cherchais une aide invisible dans les contes et j'avais le sentiment d'en trouver.
Les contes sont une manière, comme une autre, d'appréhender le monde : à travers des symboles, du magique, du merveilleux. J'ai l'impression qu'il est assez facile de comprendre le sens de ce que l'on vit avec ces outils-là, ludiques, accessibles à tous.
Comme tant d'autres, lorsque j'étais enfant je me plaisais à imaginer qu'une aide magique allait venir me délivrer de mes ennuis. Aujourd'hui en devenant adulte je sais que l'aide magique ne tombe pas du ciel, qu'il faut agir pour que les choses changent. Mais c'est bien plus agréable de penser que cette action se fait à travers un conte dont on est le héros principal...